Générer des opportunités grâce au blogue avec Nancy Bordeleau | Podcast Va te faire voir avec Julie Rochon

Utiliser le blogue pour démontrer son expertise, c’est génial. Mais si on voyait aussi le blogue comme une façon de générer des opportunités? Dans cet épisode je reçois Nancy Bordeleau, propriétaire du blogue culinaire Cinq Fourchettes. Elle nous parle de son parcours, de ses embûches, mais aussi de tout le travail au quotidien que demande un blogue qui cumule plus de 250 000 visiteurs par mois.

Durant cet épisode tu vas :

  • Découvrir comment elle est passée de collaboratrice bénévole à propriétaire qui génère assez de revenus pour vivre de ses activités reliées au blogue.
  • Comprendre l’ampleur du travail que demande la gestion d’un blogue comme Cinq Fourchettes. Avec toutes ces responsabilités, comment fait-elle pour conserver son esprit créatif?
  • Savoir comment elle a su s’adapter aux changements dans le monde du blogue et la concurrence pour créer des sources de revenus diversifiés en lien avec son expertise et ses forces.
  • Découvrir comment elle en est arrivée à avoir aussi des opportunités dont elle ne s’attendait pas comme : écrire deux livres de recettes, être invitée à des émissions de télé pour cuisiner,  être approchée par de grandes bannières pour créer des recettes et plus encore!

Sans nécessairement vouloir vivre de ton blogue comme Nancy, est-ce que ça réveille en toi l’envie de créer un blogue pour ton entreprise ou de réanimer celui qui dort depuis trop longtemps sur ton site web?

De quelle(s) façon(s) pourrais-tu l’utiliser pour générer toi aussi des opportunités?

 

*La transcription de notre échange est disponible plus bas sur la page.
**Aussi disponible sur YouTube en version avec sous-titres.

 

Mentionnés dans l’épisode

  • Son blogue culinaire Cinq Fourchettes
  • Ses 2 livres de recettes : C’est l’heure du lunch (50 recettes + trucs et conseils) et/ou Se régaler sans se ruine (75 recettes vide-frigo pour économiser temps et argent)

Transcription

 

Julie Rochon

Salut tout le monde, je suis contente de vous retrouver! Aujourd’hui, j’ai une invitée avec moi, Nancy Bordeleau. Bonjour!

Aujourd’hui, je t’ai invitée pour parler de blogue, pour parler de comment on fait pour générer des opportunités grâce aux blogue. Parce que bien que tu as un modèle d’affaires différent des travailleurs autonomes, peut-être que je côtoie ou qui écoutent le podcast habituellement, je trouvais ça super intéressant de recevoir quelqu’un qui crée du contenu long et qui arrive à générer un trafic vers ses contenus, qui arrive surtout à générer des opportunités à partir de son blogue. Toi, le blogue, c’est ton entreprise, c’est le blogue Cinq Fourchettes. Je vais t’inviter à te présenter aux gens. Tu es qui? Tu sors d’où? Qu’est-ce que tu fais?

 

Nancy Bordeleau

Je fais ça court! Tu sais, je suis Nancy Bordeleau. Je suis créatrice de contenu parce que souvent, on met le tag influenceur que je déteste au plus profond de mon âme. Je conçois des recettes, je fais du tourisme gourmand, je mets ça en ligne. Je suis aussi auteure de deux livres de recettes que je ne m’attendais pas à faire dans la vie, mais que je suis très heureuse d’avoir fait. Je suis photographe et styliste culinaire.

 

De collaboratrice à propriétaire

Julie Rochon

Ça, c’est ce qu’on appelle un « whole package »! Quand on s’est connues, toi et moi… ça fait vraiment longtemps… À l’époque, moi, j’avais un blogue « Famille » et toi, tu collaborais à Cinq Fourchettes à l’époque. Comment est-ce que t’es passée de, j’allais dire, « simple collaboratrice », mais je fais des guillemets, mais comment est-ce que tu es passée de collaboratrice à propriétaire avec ce que tu as le droit de dire ou pas le droit de dire? Comment est-ce que tu as fait la transition? Parce que tu étais là comme bénévole, tu aidais la personne qui avait le site au tout début? C’était loin d’être ce que c’est aujourd’hui, Cinq Fourchettes.

 

Nancy Bordeleau

En fait, c’est vraiment des concours de circonstance. Je ne vais pas nommer la personne parce qu’on a un entente de confidentialité, mais je la connaissais d’une ancienne vie où, quand j’étais maman à la maison, je faisais du scrapbooking, puis on se connaissait de là. Elle a tenu un blogue pour le plaisir. C’était dans les débuts des blogues, ça fait 15 ans, je pense, que Cinq Fourchettes est ouvert. À un moment donné, c’est devenu un peu plus gros. Elle a eu un job temps plein comme journaliste. À un moment donné, elle fait « J’ai besoin d’aide. » Elle me dit « T’es attentive, je vois que t’es créative ». Je ne comprends pas la bouffe, j’étais une fille qui ne cuisinait pas tant que ça non plus. Imagine. C’était même un running gan chez nous, j’étais vraiment mauvaise en plus.

Je réussissais le pâté chinois chez nous, c’était à peu près ça qui se passait! Je ne comprenais pas trop. Mon conjoint de l’époque, le père de mes enfants, m’avait dit « Tu as quoi à perdre? ». C’est un défi. J’ai embarqué là-dedans. Je travaillais en effet bénévolement, j’avais du plaisir. Petit bon an mal an, on a commencé à avoir des contrats payants avec des compagnies pour créer des recettes avec leurs produits. J’avais une base en photographie, ça fait que là, c’était intéressant. Ça devenait de plus en plus sérieux. Elle m’a beaucoup éduquée sur la chose, comment ça marche le web, toutes les plateformes, les réseaux sociaux. À un moment donné, elle avait son travail, ne pouvait plus rester blogueuse. Elle était blogueuse, c’était trop, c’était demandant, ça avait pris de l’ampleur. Elle m’a demandé si je voulais… Elle dit « Je vais le vendre, mais je te le propose à toi en premier. » Il faut dire qu’à cette époque là, à ce moment-là, je traversais un divorce, j’étais comme… J’ai acheté avec quand même un bon montant financier. J’étais un peu terrorisée. Je me disais « Est-ce que c’est un bon move d’acheter du web? » Ce n’était pas très connu.

Julie Rochon

Acheter un blogue, c’est ça. Ce n’était pas populaire de faire ça.

Nancy Bordeleau

Non, c’est ça. C’était vraiment quelque chose de très marginal. Puis là en même temps, c’était quand même une petite source de revenus pour moi. J’aimais ça, je me suis dit « Je fais quoi avec ça? Je fais quoi avec ça? » La panique. Finalement, j’ai dit « Je vais m’essayer ». J’ai une amie qui m’a prêté des sous, j’ai pris la marge, j’ai remplis la marge de crédit. Je me suis lancée, je me suis dit « Le pire qui va arriver, ça ne marchera pas. Le mieux qui va arriver, je vais tripper. » Puis, six ans plus tard, c’est mon travail temps plein. J’ai mis beaucoup d’argent, beaucoup de temps, beaucoup d’énergie, beaucoup d’investissement.

Développer ses compétences pour attirer des opportunités intéressantes

Julie Rochon

Il y a le fait d’acquérir un blogue qui est différent, mettons… Exemple, moi, j’ai un blogue sur mon site web pour démontrer mon expertise, mais toi, tu démontres ton expertise pour tes clients, qui ne sont pas les gens qui consomment avec les livres et tout ça, mais est-ce que tu as eu la vision de ce que ça pourrait devenir parce que je me souviens au début, il fallait que tu te fasses connaître. Oui, être invitée dans des événements de relations publiques avec d’autres blogueuses, mais comment tu fais pour te positionner comme LA fille qui a un blogue de bouffe et qui est capable de monter des recettes, de te faire engager par des… Je veux dire avoir des contrats avec… Je n’ose pas nommer des noms de clients, mais des grosses bannières avec qui tu as travaillé. Comment tout ça arrive? Ce n’est pas du jour au lendemain, tu as dû suer sang et eau!

 

Nancy Bordeleau

Je ne suis pas gênée de le dire parce que je pense que tout entrepreneur débute à un endroit dans sa vie. Dans les premières années de Cinq Fourchettes, je pense que je gagnais à peine 30 000$ par année. Quand je dis que c’était un revenu, ce n’était pas un revenu clair, sans impôt. Les impôts n’étaient pas enlevés, je n’avais pas payé mon hébergement. Et j’avais trois enfants à charge. Je fais que je t’ai dit, tu comprends, je mettais des heures incalculables, je devais être payée à 50 sous de l’heure.

Je pense que je calculais à du 60, même des fois 80 heures semaine. Mais j’avais envie de voir ce que je pouvais faire avec ça. Puis en fait, pour répondre à ta question, c’était de me dire « reste rigoureuse, reste toujours comme focalisée sur ce que tu fais de mieux ». J’ai fait un gros ménage sur la plateforme, j’ai enlevé tout ce que je voulais plus. Dans le fond, je voulais me nicher bouffe, parce qu’à cette époque là, c’était un blogue plus familial, il y avait des articles sur des jouets, sur des produits de beauté. Tranquillement, pas vite, j’ai essayé d’épurer, puis je me suis nichée en disant « essaye d’être nichée, puis de sortir du lot par rapport à ça, et non pas être un des 150 millions de blogues mamans qui existent. » Ce que je faisais de mieux, c’était les recettes, puis les photos. Je travaille encore là- dessus, il y a encore des très laides photos sur le blogue. Je dois refaire. Oui, il y en a encore des très moches, mais je les travaille une après l’autre, puis j’essaie de me concentrer sur ce que je fais de mieux.

 

Julie Rochon

Parce que là, tu as combien de recettes actuellement? Tu as combien d’articles sur ton blogue à peu près?

 

Nancy Bordeleau

Je dois être entre 1600-1800. Je pense que là-desus c’est 1500 recettes. C’est sûr qu’ils doivent être revisités.

 

Julie Rochon

Oui, ça, c’est normal. C’est le travail d’une vie! Parce que là, tu disais que tu savais pas cuisiner.

Comment une fille qui sait pas cuisiner finit par se faire engager par des grandes bannières pour créer des recettes? Ça me fait penser un peu à Marilou de Trois fois par jour, qui est sortie de nulle part, puis tout d’un coup, trippes tellement à découvrir, puis tester des affaires, puis à un moment donné, deviens reconnue pour ça. Y as-tu eu quelque chose qui s’est passé ou à un moment donné, tu as eu une opportunité, puis ça t’a donné confiance, puis tu as dit « Hey sais-tu, je suis capable d’en créer des recettes! Le monde qui me suivent, ce n’est pas les recettes de Ricardo qui viennent chercher sur mon site, c’est les recettes de Cinq Fourchettes. »

 

Nancy Bordeleau

Je pense que ça s’applique à n’importe quel domaine. Je pense qu’il faut être curieux. Il faut toujours chercher à apprendre plus. La cuisine, c’est ça. Plus tu pratiques, plus tu testes, plus tu affines tes techniques, plus tu tentes des choses, parce que je dois dire que ce n’est pas toujours des résultats concluants. C’est là où tu vas apprendre, puis à un moment donné, ça va devenir instinctif, puis ça va devenir facile. Il faut comprendre aussi que moi, j’ai visé une clientèle, ce que j’appelle « monsieur-madame-tout-le-monde », comme moi. Je ne cherche pas à faire le mardi soir des pétoncles flambés au brandy avec du fla-fla. On dit tout le temps que c’est de la vraie bouffe pour du vrai monde. C’est ce qu’on cuisine, c’est ce que je cuisine, c’est ce que mes enfants vont manger. C’est sûr qu’avec le temps j’ai affiné, puis c’est plus facile pour moi d’en faire. Quand j’en fais, au début de Cinq fourchettes, je pense que je créais entre 12 et 15 recettes par semaine.

 

Julie Rochon

Ça demande un temps fou de juste réfléchir. C’est parce que tu fais la création de contenu qui vient autour aussi. Tu avais ton studio de photo à l’époque, c’était du portrait que tu faisais. Là, entre prendre une photo d’une famille versus un plat?

 

Nancy Bordeleau

C’est plus facile. Écoute, la sandwich, elle ne dit rien! La sandwich se laisse prendre en photo, c’est toi qui la manipule. Il n’y a pas un enfant qui court, il n’y a pas un bébé qui vomit en plein milieu de la session. C’est sûr que c’est différent. J’aimais beaucoup faire du portrait parce qu’il y avait une connexion humaine que moi, j’adore, que je vais retrouver aussi chez mes lecteurs parce que je discute beaucoup avec eux en privé. Mais je veux dire, c’est beaucoup plus facile. C’est sûr que j’avais une base à ce niveau là qui m’a beaucoup aidée. Je pense que mon gros apprentissage, c’était comment une plateforme fonctionne, comment naviguer dans WordPress, les mots-clés, le SEO. Ça, ça me crée des maux de tête. Je me rappelle, je pense que je dois t’avoir harcelé avec un million de questions à l’époque. Au niveau de la cuisine, il y a quelques années, c’était plus tough. Maintenant, je suis assise dans mon salon, le mélange d’ingrédients se fait dans ma tête, donc beaucoup plus facile. Mais ça s’applique à n’importe quel travail. J’ai acheté Cinq Fourchettes en me disant, c’est comme si j’achetais une clientèle, comme une coiffeuse qui achète un salon, mais elle achète le local, mais aussi la clientèle qui y vient.

C’est ça que j’ai fait. Je le vois comme ça. J’essaie de toujours penser que c’est une entreprise, mais humaine, moins froide, parce que je suis en contact. Quand ils lisent, j’aime dire mes niaiseries, parce que je suis une fille qui est un peu moins protocolaire. J’aime ça, raconter des anecdotes, je n’ai pas vraiment d’orgueil. Je gère ça comme une entreprise, j’ai du plaisir. J’essaie de toujours me tenir à jour. J’écoute beaucoup de podcasts, je lis beaucoup. Ça change beaucoup aussi dans ce milieu là, sur le web, donc j’essaie de tenir au courant. C’est comme n’importe quoi, il faut juste que tu t’informes, puis que tu continues à apprendre.

Blogue, services et influence

Julie Rochon

C’est ça, je vais rebondir là-dessus, justement, le milieu du blogue, moi, j’ai quitté ça, ça fait… Mon Dieu, je sais même plus, une couple d’années, mais ça fait longtemps. Toi, tu étais là-dedans même avant que moi j’arrive. J’ai eu le temps d’arriver, puis de repartir.

Mais le milieu du blogue et le milieu de l’influence a vraiment beaucoup changé. Je dirais pas nécessairement qu’il a toujours évolué pour le meilleur dans certaines choses qu’on a vu, lu, entendu. Comment est-ce que tu fais pour te positionner? C’est la question de la fille du positionnement. Tu te positionnes avec un blogue, parce qu’au départ, tu avais simplement le blogue, tu as des services qui se sont greffés au blogue avec le temps. Est-ce que c’est les opportunités qui t’ont fait créer des offres ou c’est, tout d’un coup, tu as dit « À partir d’aujourd’hui, j’ai un forfait si jamais je me fais approcher par un supermarché, voici ce que je vais lui proposer. » Comment tu as fait ta réflexion de passer du contenu à « Il faut qu’il y ait une rentrée d’argent qui soit attachée à ça.»?

 

Nancy Bordeleau

Je pense que c’est un beau mélange des deux, des opportunités qui ont cognées. C’est sûr qu’au début, on était moins de gens, on était moins de personnes à se séparer la tarte. C’était beaucoup plus facile parce que j’ai bâti une belle grosse communauté. Après ça, c’est sûr que s’est greffé plus le côté influenceur, ceux qui n’ont pas de plateforme, pas de blogue, qui naviguent que sur Instagram, TikTok et compagnie. Je dis « que », mais c’est beaucoup de travail ce qu’ils font. Je ne dis pas que, mais c’est…

 

Julie Rochon

Le blogue a une charge de travail vraiment intense, puis on va s’en parler après, mais toi, tu as une charge de travail de plus que quelqu’un qui se fait offrir ou vient dans un événement, prend trois ou quatre photos (sans diminuer quoi que ce soit). C’est ça.

 

Nancy Bordeleau

Tout à fait? En fait, est arrivée cette vague de gens qui, des fois, ont d’autres boulots aussi. Ils prennent des choses, ça ne leur dérange pas. Ils ne sont pas inquiets de payer ou pas leur Hydro-Québec.

Il fallait que je regarde. Ok, mettons que j’ai moins de contrats parce qu’il y a une partie de la tarte qui est partie vers Tik Tok, par exemple. Qu’est-ce que moi j’ai qu’eux n’ont pas? Je fais des belles photos, je fais de la création de recettes. Je me suis mis à faire des propositions pour de la création de contenu chez les clients. Par exemple, ça ne me dérange pas de nommer des compagnies, mais mettons une grosse compagnie de poulet, par exemple, voulait avoir des recettes pour leur site. Mon nom n’est pas écrit,

 

Julie Rochon

Du ghost fooding! ha ha

 

Nancy Bordeleau

Mais je leur donnais un contrat où il n’y avait pas besoin de chef, il n’y avait pas besoin de photographe, je leur rendais tout.

 

Julie Rochon

C’est ça, c’était un tout. Un clé en main.

 

Nancy Bordeleau

Exactement. Pas de location de local pour aller prendre des photos. Tu as un clé en main. Je me suis dit que j’étais capable de faire. À un autre moment donné dans ma vieje, je me suis dit « OK, j’essaie aussi d’adapter… Ça se mélange dans ma tête. Comment aussi je fais évoluer le blogue par rapport à ma propre vie, mes propres besoins. Mes enfants sont rendus grands, je fais moins de lunch, je peux voyager plus. Récemment, j’ai mis un petit peu plus de l’avant le voyage gourmand parce que je peux me le permettre, je peux me déplacer plus souvent. C’est aussi un contrat qui est différent des recettes. J’arrive à aller chercher un petit peu de revenus ici, un petit peu de revenus là, parce qu’on m’a toujours répété « ne mets pas tous tes œufs dans le même panier. » Parce qu’à un moment donné, s’il y a une plateforme… Moi, c’était que Facebook qui roulait, roulait, roulait. Mais Facebook, au nombre de fois où il change ses algorithmes, au nombre de fois où les gens changent de plateforme, je finis par pas être rentable, mais il me reste quoi? Je me suis mis à aller un petit peu partout, à planter des graines ici et là pour m’assurer d’avoir des rentrées d’argent un peu partout. Mais pas en me perdant, par exemple.

 

Julie Rochon

Non, c’est ça. Moi, j’ai zéro été surprise quand j’ai vu justement la section Voyage Gourmand sur ton site. Vous irez voir le site, le cinqfourchettes.com, je vais mettre les liens de toute façon. C’est ça, c’est que tu pars… En fait, pour te suivre en ligne, pour être abonné à ton infolettre, pour voir tout ce que tu fais, je vois toujours Nancy. Je ne suis pas comme « Mon Dieu, elle est en voyage culinaire, elle est avec plein d’autres personnes, puis elle est là tout d’un coup:  « Moi, je commande du caviar. » Je te sens très : c’est non négociable, je suis qui je suis, je fais ce que je fais. Rendu là, si ça te plaît, tant mieux, bienvenue dans mon univers, sinon, allez vous faire voir.

 

Nancy Bordeleau

C’est quelque chose qui est hyper important pour moi parce que j’en ai vu aussi beaucoup. On se suit tous depuis longtemps, j’en ai vu beaucoup qui ont changé, pas nécessairement pour le mieux. Je n’ai pas envie d’aller là. Je n’ai pas envie de me prendre la tête parce que ce que je répète souvent même aux petits nouveaux que je croise dans les événements, c’est « Rappelle toi toujours que tu ne fais pas d’opérations à cœur ouvert. » Tu sauves pas des vies. Moi, si je ne suis pas là demain matin, il y en a bien d’autres des sites où tu peux aller chercher des recettes, des tonnes. Reste humble, reste qui tu es, puis adviendra que pourra. Je n’ai pas peur non plus de dire que si un jour, Cinq Fourchettes ne marche pas, je vais aller faire autre chose. De toute façon, moi, j’ai étudié en programmation informatique, j’ai été chercheur de tête, j’ai étudié en comptabilité. J’ai fait tellement d’affaires, je me suis tellement adaptée au fur et à mesure que ça ne me fait pas peur de reconstruire à ma date. Ceci étant dit, mon rêve ultime, c’est que Cinq Fourchettes dure jusqu’à la fin de mes jours parce que j’ai énormément de plaisir à faire ça. J’essaye de rester qui je suis le plus possible, le plus accessible. Ce n’est pas toujours simple parce que des fois, il y a des amoncellements de messages qui rentrent, puis je veux répondre à tout le monde. Mais c’est ça, j’essaie fort fort fort.

Sortir de sa zone de confort

Julie Rochon

Parce que quand tu deviens grand public, je me souviens quand tu étais allée à Salut, Bonjour Weekend, ça fait longtemps! Voyons, quand tu étais allée à Salut, Bonjour Weekend pour cuisiner, je me souviens à quel point tu étais… on s’était parlé ou tu en avais jasé, je ne me souviens plus, mais à quel point tu étais stressée, sans bon sang? Est-ce que tu as senti comme un déclic, genre « là, j’embarque dans un autre game » ou ça a juste fait que tu es comme « La continuité, c’est correct. Maintenant, je vais aller à la télé, je vais lancer des livres, puis je vais devenir…»?

 

Nancy Bordeleau

Chaque étape de ma vie, je le vois toujours comme un défi. « Salut, Bonjour », je me rappelle encore quand j’ai eu l’appel, ça suivait la sortie de mon premier livre. J’étais dans un autobus en tournée de presse en chemin vers Charlevoix. Là, elle me dit « Tu reviens de Charlevoix, tu fais tes recettes, tu pars à Québec, puis tu tournes « Salut, Bonjour! » » première émission de télé de ma vie, en live. » Ce n’est pas une petite émission.

J’ai mal au cœur. J’ai mal au cœur. Je me suis dit « Je ne serais pas capable. Je ne serais pas capable. » Puis là, je me suis répétée, il y a des gens qui me connaissent aussi parce que je m’entoure aussi de gens qui me ramènent à moi. Ça, c’est important, c’est mon cercle serré qui me dit « Rappelle toi ce que tu dis toujours, tu ne sauves pas des vies. Admettons que ça ne se passe pas bien, qu’est-ce qui va arriver? Rien du tout. Ils ne te réinviteront pas.

Je suis rentrée là en me disant « Soit toi-même, puis advienne que pourra. » Ça s’est super bien passé. Cet événement là, en particulier, a fait un déclic dans ma tête, pour me dire « Tu n’es pas morte.  Ça va bien. » Je suis même sortie de là avec une adrénaline et une mise en plie extraordinaire! Chose que je ne suis pas capable de faire. Je me suis dit « Quand les opportunités vont arriver, prends les ». Depuis, j’en ai fait plusieurs. J’ai fait avec Stéfano (Faita), j’ai fait même des grosses émissions du matin à Radio-Canada, où j’étais là du live, c’est pas évident. Je me suis rendue compte que la meilleure chose à faire, c’est toujours rester qui tu es. S’ils sont venus te chercher, c’est parce qu’ils ont vu quelque chose, c’est ce qu’ils veulent.

Création et gestion de contenu web

Julie Rochon

Exact. Il y a le fait de créer des recettes ou d’écrire comme le cas d’une entreprise de services, on écrit des articles de blogue, à travers les articles, on démontre notre expertise, on démontre qui on est aussi. Mais à travers des recettes, des fois, c’est un peu plus difficile de démontrer entre deux cuillerées à table de quelque chose, voici ma personnalité. Je trouve qu’on a réussi quand même à super bien te cerner autant dans tes articles de blogue, mais il y a toute l’utilisation aussi de l’infolettre, des réseaux sociaux, de tout ce que tu fais en ligne. Est-ce que pour toi, ça, ça a demandé un effort supplémentaire d’embarquer là-dedans? La job principale, c’est de créer le blogue, mais la création de contenu autre que la bouffe, c’est gros quand même. Est-ce que tu es seule pour gérer tout ça encore ou tu as des gens qui t’aident?

 

Nancy Bordeleau

Non, je suis encore seule. J’ai engagé ici des fois, des collabos. Au début, c’était comme moi, pas payant, puis après ça, je me sentais malaisée par rapport à un travail donné. Pour moi, c’était important de payer, j’ai attendu d’avoir des sous pour pouvoir payer des collabos. Mais tout ce qui est de la gestion du blogue, monter l’infolettre, envoyer tout ça, c’est tout moi qui le fait. Même quand j’ai changé le blogue au complet il y a quelques années, c’était manuellement remettre toutes les recettes dans des fiches recettes. J’ai engagé quelqu’un, on partait, elle partait de la fin. Moi, je partais du début, c’était Marie-Noëlle (Marineau). On se rejoignait au milieu, ça a été un travail de fou. En ce moment, je travaille sur la traduction du site, je le fais toute seule. J’ai engagé, par exemple, un professionnel pour refaire mon blogue. J’ai un programmeur, il s’appelle Madison Solutions Web et ils sont incroyables. C’est toujours eux qui me remettent à jour quand il y a des nouvelles lois ou des nouvelles choses qu’il faut faire. Le nouveau Google Analytics que je ne comprenais pas, je ne savais pas comment faire. C’est eux, ils mettent là-dedans, ils sont payés pour.

 

Nancy Bordeleau

À un moment donné, il faut aussi être capable de prendre un step backward puis faire « ça, je ne sais pas comment faire. Si je le fais, je risque peut-être de créer plus de problèmes que d’autres choses. » Je suis mieux de laisser aller. Créer un site web de A à Z, je n’étais pas capable. Une identité visuelle, je n’étais pas capable. Ce n’est pas ma force. Je préférais me concentrer sur ce que je fais de mieux, puis laisser à quelqu’un d’autre cette partie là. C’est tout ça. On travaille sur une nouvelle infolettre aussi, c’est eux qui s’organisent à monter la structure. C’est moi qui va les remplir. En général, c’est moi qui fait tout, c’est beaucoup de travail, mais en même temps, j’adore ça.

 

Julie Rochon

Oui, c’est ça qui nous motive. Je vais te parler d’un gros morceau, parce que qui dit « blogue » parle référencement. Quand tu as un blogue avec autant d’articles, autant de recettes, comment… on s’était parlé avant que tu te mettes à travailler le référencement, puis tu en avais des sueurs froides juste à y penser.

 

Nancy Bordeleau

J’en ai encore!

 

Julie Rochon

C’est ça. Parce que les gens, on dit tout le temps « oui, écrit sur le blogue, puis ça va générer des visiteurs».

 

Nancy Bordeleau

Non, plus maintenant.

 

Julie Rochon

C’est quoi le processus que tu traverses quand tu… De l’idée à « D’accord, il est publié », c’est quoi le chemin, les tâches que tu as à faire? Tu n’es pas obligé de rentrer dans les plus grands secrets.

 

Nancy Bordeleau

Non, j’ai aucun problème avec ça. Je pense que c’est du milieu connu si tu fais un peu de recherche de toute façon. Justement, quand on a refait le blogue au complet, il a fallu aussi revoir toutes les vieilles méthodologies qu’on avait. On a downloadé des photos qui étaient hyper lourdes, avec le titre fait par l’appareil photo. Oui, c’est ça, ces affaires-là. Il y avait vraiment énormément de travail à faire. Maintenant, mon processus, c’est sûr que quand j’enregistre mes photos, je les nomme comme il faut. J’essaie de penser qu’est-ce que je veux qui sorte. Est-ce que c’est pâté chinois? Est-ce que c’est recettes? Est-ce que c’est maïs ou peu importe? Je vais vraiment nommer ma recette de façon très précise. Et maintenant, même, je rechange cette façon-là parce que comme je traduis le site, je pense à inclure des mots aussi en anglais dans mon titre. Ensuite, évidemment, dans le premier paragraphe, essayer de faire un petit retour là-dessus, essayer de répéter le mot pâté chinois le plus, ça je suis moins bonne parce que je ne veux pas que ça sonne mécanique. Pour moi, c’est super important. On le dit tantôt de garder le naturel de la chose, ça fait que j’essaie de ne pas trop exagérer. À un moment donné, des fois, je lis des textes puis je fais…

 

Julie Rochon

Je pense que quand ça fait 50 fois que c’est écrit pâté chinois, je pense qu’on le sait!

 

Nancy Bordeleau

Ça devient « Je pense que tu as compris. » Je trouve que ce n’est pas agréable pour le lecteur non plus. Je pense que c’est une question d’équilibre.

 

Julie Rochon

Placés aux bons endroits. Trouver peut-être d’autres façons d’en parler aussi dans le texte.

 

Nancy Bordeleau

Exact. Après ça, c’est de travailler le mot-clé. Après ça, c’est de travailler la métadescription. Après ça, même dans la photo, les mots-clés en-dessous. C’est vraiment un gros travail que je fais depuis quelques années, mais qui me purge beaucoup. Je ne peux pas dire que j’ai du plaisir à faire ça.

 

Julie Rochon

À part les gens qui travaillent là-dedans, est-ce que quelqu’un a du plaisir à faire ça? C’est comme moi quand je dis « On va parler de client idéal et tout le kit », puis tout le monde est comme « Beurk!, j’ai pas le goût », moi je suis comme « Oui, j’aime ça ». J’aime ça. On a chacun nos expertises, mais ce travail là, est-ce que tu as vu la différence? Parce que tu les vois, les stats et tout ça, est-ce que ça… On le sait, le SEO, ce n’est pas automatique, ça peut prendre des mois.

 

Nancy Bordeleau

Ouais, mais ça a beaucoup changé aussi. À un moment donné, c’était une chose qu’il fallait mettre de l’avant, après ça, c’était une autre chose. Je te dirais qu’un bout je l’ai vu, puis un autre bout, depuis l’arrivée du nouveau Google Analytics.

On dirait que c’est vrai que là, je ne sais pas ce qui se passe, c’est plus difficile. C’est plus difficile. Peut-être que je ne l’ai pas trop bien compris, mais j’essaie de garder ma constance, de continuer à faire ce que je fais, de temps en temps retourner dans les vieux articles les faire, mais des fois, j’ai de la misère juste avec les nouveaux, mais c’est une tâche colossale.

 

Julie Rochon

C’est ça, parce que là, à la quantité d’articles que tu as, tu ne peux pas dire « Une fois par année, je repasse pour voir, qu’est-ce qu’il y a encore. »

 

Nancy Bordeleau

C’est pas possible.

 

Julie Rochon

Admettons, moi, du temps que je donnais des formations réseaux sociaux, c’est facile pour moi de rentrer puis de dire « Dans un article, ça n’a plus rapport, je vais faire une redirection vers une affaire où je parle des réseaux sociaux » puis tout le kit. Mais toi, c’est du contenu qui reste toujours bon, peu importe, à moins que tu aies plus de photos.

 

Nancy Bordeleau

Les restaurants, c’est plus les restaurants qu’il faut toujours quelques fois par année aller retourner dedans pour voir « Y’est-tu encore ouvert, ce restaurant là? » Dieu sait qu’à Montréal, entre autres, ça rouvre, ça ferme. Quand je revisite ce genre d’article qui est de tourisme, je prends la peine d’aller voir si les entreprises existent encore. Ça, c’est lourd. Il faudrait que je me trouve une méthodologie plus efficace, peut-être me faire une grille Excel pour dire « C’est ça, ça, ça, il faut que tu ailles revisiter.»

 

Julie Rochon

Tu sais qu’il y a des outils qui existent, que tu peux juste rentrer l’URL de ton site, puis ça te sort tous les liens 404, les liens qui ne fonctionnent plus. Ça, ça se fait.

 

Nancy Bordeleau

Souvent, le restaurant, son site web est encore en ligne, il fonctionne encore, mais le resto est fermé. Exactement. C’est plus ça qui est difficile à suivre. Ça, c’est déjà fait. Le 404, mon programmeur m’a tout arrangé ça. C’est plus essayer de rester pertinent dans l’information qu’on donne. Tu t’en vas dans un restaurant, tu essaies de planifier ça, tu te pointes sur place, tu n’as pas Googlé avant, « Oups! Je suis désolée, le resto n’existe plus.» Ça, c’est difficile.

 

Julie Rochon

Des fois, on va sur Google, puis même la fiche Google My Business, des fois, elle dit que c’est ouvert, tu te pointes, puis c’est fermé. Ça, ça m’est déjà arrivé.

 

Nancy Bordeleau

Ça, c’est difficile. C’est la partie où j’ai bien de la misère à faire ça.

 

Julie Rochon

Puis, on parle de blogue, tu as fait tout ce que tu pouvais faire à partir de réfléchir à ton contenu, « Qu’est-ce qui va intéresser mes lecteurs? À qui je m’adresse? Comment tu te positionnes? » « le SEO ». On a parlé un petit peu d’infolettres et de réseaux sociaux. J’essaie d’expliquer ça à mon gars qui vient de se partir une chaîne YouTube de Lego. C’est que ton contenu, il faut que tu sois proactif. Il faut que tu en parles de ton contenu parce que les gens vont pas… À moins que tu aies un site web avec une notoriété assez forte, que tu sors dans les résultats de recherche.

 

Nancy Bordeleau

Je suis chanceuse pour ça, je dois avouer. Je suis quand même chanceuse, mais c’est un travail continu.

Se démarquer de la concurrence

Julie Rochon

Combien de temps tu passes… Tu peux pas juste mettre ça en ligne, envoyer l’infolettre, puis dire « Ça va générer tant de visites ». Comment tu travailles de ce côté-là pour promouvoir chacun (des articles)? Parce qu’à la quantité que tu as, tu vas en publier plusieurs par semaine. C’est quoi ton menu de la semaine que tu envoies chaque semaine qui ramène tes articles?

 

Nancy Bordeleau

Tous les jeudis matin, moi, je m’installe devant l’écran, je monte le menu de la semaine. Pour ceux qui ne savent pas, c’est un menu qui est basé sur les rabais de la semaine. Ça fait cinq ans. Oui, c’est de la recherche. Ça fait cinq ans que je le fais. Il y en a beaucoup qui le font maintenant. C’est sûr aussi qu’il faut que je joue un peu du coude pour aller chercher de la visibilité là-dessus. J’essaie d’être constante. Ça m’arrive de dire « Écoute, aujourd’hui, je suis en déplacement, ça va sortir demain. » J’essaie de m’adapter aussi. Avant, c’était le samedi. J’ai demandé aux gens, ils préfèrent le jeudi, donc j’ai changé aussi mon horaire en conséquence. Je publie sur toutes les plateformes de façon très régulière. J’essaie de me tenir au courant, ne serait-ce que « Là, il fait un petit peu plus froid dehors. Qu’est-ce que les gens aimeraient manger? Hier j’ai publié sur mes stories une panoplie de suggestions de soupes. J’essaie de beaucoup regarder les tendances. J’ai parti une nouvelle série de « On teste les tendances Tik Tok ». Est-ce que ça a fait un buzz? C’est vraiment bon. Oui. Parce que là, souvent, ce qui arrive, c’est qu’ils nous montrent une recette, tout le monde buzz, tout le monde la fait, mais personne ne donne la recette à la maison.

« C’est arrivé. » Je leur ai dit aux lecteurs que j’allais le dire aussi quand je trouvais ça pas bon. En même temps, je voulais leur donner une recette juste, parce que là, c’est comme « si, je mets si », il y a pas de recette, c’est juste pour faire du buzz ». J’essaie de me tenir le plus « on the edge » possible. Récemment, je me suis fait beaucoup dire « Hey Nancy, il manque de classiques sur ton site ». Parce que là, dans ma tête, je me disais « Tout le monde sait faire un pâté chinois. Je reviens tout le temps à ça, c’est mon exemple ultime.

Tout le monde connaît ça, mais non. Moi, je reviens il y a quelques années où moi, je ne savais pas cuisiner, je ne savais pas comment faire. Je ne savais pas comment faire une béchamel. Il faut toujours que je me rappelle d’où je viens pour me rappeler qu’est-ce que je dois offrir aux gens. Parce qu’il y en a des comme moi. Je pars une nouvelle série sur les classiques. Je vais essayer de mettre le plus de recettes de base possible. J’essaye toujours, de un j’écoute beaucoup mes lecteurs, je leur pose tout le temps des questions.

Ils sont très réactifs. Juste sur les classiques, j’ai enregistré, je pense, 75 réponses pour une story de qu’est-ce qui qu’ils veulent que je mette en ligne? » Fait que là, j’ai gardé ma petite liste. Avant je l’aurais probablement partagée, je vais dire un petit secret, j’aurais partagé ces réponses là, mais je me suis rendu compte que la concurrence était énorme, qu’il y a beaucoup de gens qui ne font que regarder les autres et copier. Donc, je me protège un peu en gardant pour moi ces réponses là, puis en utilisant ça.

 

Julie Rochon

En même temps, moi aussi, j’ai eu une passe où je divulguais toujours tout. J’étais hyper transparente, j’étais bien fière d’être transparente jusqu’au jour où je me suis dit « câline, à un moment donné, je suis en train de parler de quelque chose que je voulais lancer ». Et ça passe de partout. Comme par hasard, qui trois ou quatre jours après, elle lance quelque chose. Moi, j’avais dit « Je suis pas encore prête, je suis en train de réfléchir », mais j’ai tout nommé mon idée en détail comme une conne.

 

Nancy Bordeleau

Des fois, il faut être un petit peu plus protecteur. En fait, ça se peut très bien que ça soit un adon. Ça serait vraiment très prétentieux de notre part de penser qu’on est les seuls à avoir des idées, puis les seuls à suivre le courant. J’en parle même juste de mon livre que j’ai pensé l’année passée que j’ai préparé, le dernier qui est sorti en février, qui était « Se régaler sans se ruiner ». J’ai une très bonne amie à moi qui préparait un livre en même temps sur à peu près le même sujet. Elle a dû même changer son titre parce qu’on avait quasi le même titre.

Heureusement, mais c’est quelqu’un que je connais pas. Du premier abord, j’ai fait « La copie, ça va faire. » Mais alors que c’est pas vrai, on peut, oui, des fois, sortir des idées de génie, mais on n’est pas les seuls. Quelque fois on peut protéger les choses, on essaie de les protéger, sinon on assume qu’on n’est pas les seuls dans le lot.

 

Julie Rochon

J’avais lu un livre à un moment donné, c’est Big Magic de Elizabeth Gilbert qui disait que justement, quand tu ne passes pas assez rapidement à l’action avec une idée, c’est comme si ton idée partait dans les airs. C’est comme si moi, j’ai une idée, je suis comme « Il faudrait que je la fasse ». Je ne passe pas à l’action, mais là, à un moment donné, l’idée se rend jusqu’à toi. Toi, tu décides de passer à l’action, puis de le faire. Quand j’avais lu ce livre là, c’est la seule chose que j’ai retenu du livre, mais c’est un bon livre quand même. Maintenant, je me dis que je ne nomme pas une idée, je la fais, puis quand c’est prêt, là je vais le nommer, parce que j’arrive avec quelque chose de concret. » Rendu là, si quelqu’un est en train de faire quelque chose… Regarde, on arrive en même temps, c’est sûr, c’est plate, mais en création de contenu…

Nancy Bordeleau

Oui, il faut faire attention. Je dis toujours, ça m’a un peu tué la naïveté. Moi, je suis très ouverte, je suis comme un livre ouvert, très transparent. Je fais attention maintenant, c’est correct, je protège ma propre business. C’est ça, c’est de mon business. C’est correct, mais en même temps, quand ça arrive, je ne suis pas dans la colère ou dans la frustration, parce que je me dis « tant mieux, elle a agi avant moi, elle a été plus rapide, tant mieux. » Tu sais, qu’est-ce que tu veux que je fasse? C’est rendu là.

 

Julie Rochon

Est-ce que tu t’empêches des fois de faire des choses parce que tu dis « OK, moi, j’aurais… » Exemple, la série sur les classiques que tu veux faire. Toi, tu l’as, le temps que tu es en train de le préparer, si quelqu’un…

 

Nancy Bordeleau

C’est déjà prêt, c’est pour ça que j’en ai parlé.

 

Julie Rochon

Est-ce que tu t’empêcherais de sortir quelque chose parce que « Non, tu y vas pareil?

 

Nancy Bordeleau

Avant, oui. Par peur du jugement probablement des autres. Et maintenant, je me dis tant que ton intention est bonne, puis que tu sais que toi, tu n’as pas copié ou que tu n’as pas agi de façon malsaine, je dors très bien avec ça. Parce que je sais d’où ça part. Maintenant, les autres, ils jaseront. Ça ne m’appartient pas, ces sentiments là. Ça ne m’appartient pas. De toute façon, je sais aussi qui je suis. Je suis une fille profondément honnête. Donc, si tu veux me mettre une étiquette puis dire elle m’a copié, c’est ça, fais-le. Non, je ne m’empêche pas. De toute façon, surtout en bouffe, on ne réinvente pas la roue. Je veux dire, une béchamel ça se fait depuis toujours.

 

Julie Rochon

Tu as à jongler entre créer des choses accessibles, mais peut-être pas se réinventer dans les, si tu fais de la bouffe accessible, je veux dire se réinventer dans la recette que tu fais, mais plutôt dans la façon de la faire.

 

Nancy Bordeleau

La façon de la proposer. C’est un peu ça le deuxième livre. La façon dont je propose les recettes dans mon deuxième livre, je n’ai pas vu encore des gens le faire. Ce que je suis contente. J’avais une idée, je l’ai gardée pour moi, je l’ai mis en action. Je suis extrêmement fière. C’est une façon très différente de cuisiner pour épargner du temps et de l’argent que les autres n’ont pas fait encore. Avec ça, j’étais très contente, c’est dans mon bagage. J’ai d’autres idées qui mijotent parce que je m’étais promis de ne pas refaire de livres après parce que c’est très demandant.

 

Julie Rochon

Oui, parce que toi, tu faisais les textes, les photos, les recettes, tu faisais tout?

 

Nancy Bordeleau

Oui. Dans le fond, ma maison d’édition s’occupe de faire le visuel, le montage, l’impression, mais c’est moi qui faisais tout. La plupart des livres de recettes, les gens ont leur photographe, mais moi je trouvais ça plus facile à faire moi-même. Je sais de quoi je veux que le plat ressemble, donc je voulais garder un peu… Peut-être que je suis « control freak ».

 

Julie Rochon

Moi, je t’ai vu en action. Pour ceux qui me suivent depuis des années, qui savent que je trippe sur les Poke bowl, sachez que c’est chez Nancy que j’ai mangé mon premier. Je ne voulais pas qu’elle mette de poisson cru dedans parce que j’avais peur d’être malade, puis tout le kit, mais en même temps, un, j’ai trippé, puis j’en mange sans arrêt depuis ce temps-là, et de deux, je t’ai vu en action parce que tu as pris en photo. Tu avais tout ton set up dans ta cuisine.

C’est parce que tu as tout ça aussi, tu as l’aspect visuel. La création de contenu, les gens se disent « OK, on va faire une recette, puis on va droper ça sur le blogue », mais il y a toute la réflexion, puis la stratégie sur le contenu, le contenant, quel impact la photo va avoir?

 

Nancy Bordeleau

Il faut que ce soit alléchant, il faut que ça soit… Il y a des photos plus difficiles que d’autres à prendre. Des fois, il y a des choses qui vont tomber rapidement. Par exemple, une crème fouettée ou une crème glacée qui va fondre rapidement. Moi, je me suis aussi donné comme mission de jamais remplacer une crème fouettée par de la crème à barbe. Pour moi, ça fait du gaspillage alimentaire parce qu’après ça, je m’excuse, mais tu ne mangeras pas l’aliment qui est en-dessous de la crème à barbe. Non. Mais pour moi, ça ne marche pas. C’est un challenge. Des fois, ça écrase. Dans mon livre, j’ai des crêpes qui n’arrêtaient pas de glisser. J’avais des cure-dents là-dedans, puis je sacrais ma vie. Je n’avais pas de plaisir. Ça, mais ça reste comme un challenge. J’aime ça. C’est tout un univers. On en fait de la vaisselle parce qu’on cuisine dans des plats qui sont bien ordinaires. On transfère ça dans la vaisselle mignonne parce qu’on veut que visuellement, parce qu’on mange avec nos yeux, on veut que visuellement, ça soit intéressant. La vaisselle, j’en fais beaucoup trop. Si j’avais à engager quelqu’un, je pense que j’engagerais quelqu’un pour faire de la vaisselle.

Conseils pour démarrer un blogue

Julie Rochon

Mets ça sur ta bucket list! C’est beaucoup de travail, de créer du contenu. Juste pour terminer, qu’est-ce que tu suggèrerais à quelqu’un qui a pas encore écrit quoi que ce soit sur son blogue? Est-ce que c’est un blogue pour le plaisir ou en ayant un but, à un moment donné, de virer ça en entreprise ou même juste un blogue comme le mien qui est un blogue d’entreprise? Par quoi tu commencerais pour dire « OK, là, j’arrête de juste dire que ça me prendrait un blogue »? Je passe à l’action.

 

Nancy Bordeleau

Je pense qu’il faut déterminer ce qu’on aime, c’est déjà d’emblée de quoi on veut parler. Ce n’est pas les limites qu’on se donne. Est-ce que je dévoile beaucoup la suite de ma vie? Est-ce que je mets la photo de mes enfants qui est un gros, gros, gros… Tu sais, avant, on mettait beaucoup des photos de nos enfants sur nos sites. Maintenant, c’est très controversé avec la venue de l’intelligence artificielle. C’est où notre limite? Est-ce que quand on utilise nos enfants dans une publicité, est-ce qu’on les paye ou on ne les paye pas? Il y a beaucoup de réflexions à faire. Mettre ses limites, déjà dès le départ, de ce qu’on veut ou ce qu’on ne veut pas. Ensuite, beaucoup lire, beaucoup aller vers des experts comme toi pour savoir bien partir le blogue, le référencement. Moi, je ne le savais pas au début, puis j’aurais aimé le savoir d’avance. Je pense que beaucoup s’informer sur comment bien référencer, comment bien monter, toute la technicalité en arrière, c’est important aussi. C’est important que la vitesse de ton site, de download, la qualité de tes photos. Puis après ça, c’est cliché, mais rester naturel, essayer de ne pas changer. Je veux dire, il y a un quart de million de personnes qui viennent tous les mois sur mon blogue. C’est beaucoup de monde quand tu y penses. Je n’ai pas envie que ça me monte à la tête. Entourez vous de gens qui vont vous ramener si jamais tu penses que tu es un petit peu meilleur que le voisin. Garde tes deux pieds sur terre, ce n’est que soit du loisir ou un travail. Tu ne sauves pas la pauvreté dans le monde.

 

Nancy Bordeleau

Fais-les pour les bonnes raisons. Ne le fait pas pour devenir populaire ou pour aller dans des événements médias. Je te garanti que les événements médias, oui, c’est le fun. On rencontre plein de gens, c’est euphorique.

 

Julie Rochon

On reçoit des bébelles!

 

Nancy Bordeleau

Ça ne paye pas Hydro! La bouteille de vin que tu reçois, je te garanti que si tu l’amènes, je ne sais pas moi, pour payer ton permis de conduire, ils vont te revirer de bord. Tu comprends?

 

Julie Rochon

Moi, c’est ça, au début, avec le blogue, c’était « Wow! Je suis invitée dans des événements, puis là, j’étais entourée de plein de monde que moi je suis en ligne. » Le temps que ça demande de créer du contenu non payé, non rémunéré, parce que tu as reçu une gogosse, je veux dire, au début, c’est le fun, mais après ça.

 

Nancy Bordeleau

C’est ça. Ça fait son temps.

 

Julie Rochon

Aujourd’hui, tu ne peux pas faire ça, tu ne peux pas accepter ça. Je veux dire, il faut qu’il y ait une rémunération.

 

Nancy Bordeleau

Il faut que tu connaisses ta valeur. Il faut que tu connaisses la valeur du travail que tu donnes. Si c’est de la photo, il faut que tu t’informes sur les tarifs, il faut que tu t’informes sur ce que tu vaux par rapport à ton expérience, par rapport aux concurrents. C’est la même chose pour le stylisme, c’est la même chose pour à peu près n’importe quel talent que tu veux mettre en place. Je pense qu’entoure toi de spécialistes si tu as besoin, puis recherche, puis continue toujours à t’éduquer.

 

Julie Rochon

C’est tellement intéressant. Je pense que la discussion d’aujourd’hui montre l’arrière-scène, parce que que c’est bien beau d’avoir un blogue, c’est bien beau, mais en même temps, pour toi, les opportunités que tu as générées grâce à ton blogue, c’est par ce qu’on voit de l’extérieur. C’est un client qui te voit, qui fait « Wow, son blogue, il est beau. » « C’est ça. » Mais en arrière-scène, il y a des petites pattes de canard qui courent.

 

Nancy Bordeleau

Exactement! Il y a une image qui circule vraiment beaucoup sur le web depuis des années, l’espèce d’iceberg. On voit le succès qui dépasse la petite pointe de l’iceberg, mais en-dessous, il y a du travail, de l’acharnement, de la colère, de la peine, des réussites, des échecs. Je me suis donné aussi comme mission sur Cinq Fourchettes d’en parler quand j’avais des échecs. Je le montre quand je brûle quelque chose. Je le montre quand je suis peignée tout croche. Je le dis là, « Hé, un instant, moi aussi, ça m’arrive de ne pas réussir. » Il n’y a pas de chichi. Le travail en arrière représente probablement 75% de ce qu’on voit. C’est sûr, les gens ne s’en doutent pas. Des fois, je leur rappelle. Oui, c’est ça. Ça m’arrive de faire une petite story pour dire « Le menu de la semaine que je te prépare toutes les semaines », ça, c’est le travail qui vient avec. C’est la recherche des rabais, c’est la recherche des recettes, c’est la mise en ligne, c’est l’envoi de l’infolettre, c’est la mise en ligne sur les réseaux sociaux, c’est l’enregistrement de ma voix pour la mettre sur Tik Tok.

La reconnaissance des lecteurs fait aussi partie de la paye

Julie Rochon

Rendu là, puis on en parlait avant de commencer à enregistrer, mais rendu là, répondre à une infolettre pour dire « merci » pour le menu de la semaine ou mettre un like sur Facebook, Instagram ou autre. Ça vaut de l’or. Ça a l’air niaiseux. C’est pas ça qui ramène de l’argent, mais il y a la paie paye, mais pour ta clientèle qui consomme tes articles, c’est ça ta paye aussi, la reconnaissance de « merci Nancy d’avoir créé ça », ça m’aide.

 

Nancy Bordeleau

Ça n’a aucun prix. J’ai créé un article qui s’appelle « Ça mange quoi en hiver un blogueur », ça explique tout ça. Que non, ce n’est pas un trip d’ego d’avoir un like, ça aide à l’algorithme, ça aide à dire « Je te vois. Merci, tu m’as aidée pour le souper. Merci, mes enfants cuisinent grâce à toi. » Ça, c’est la tape qu’on n’a pas du patron qu’on a quand on est en entreprise ou du collègue de travail parce qu’on travaille seul. S’auto-taper dans le dos, ça n’a pas le même effet. Mais que les gens qui ont consommé ton contenu ou ton produit, si tu vends des produits, puis qui disent « Tu sais quoi? Ça m’a aidée, puis j’ai adoré. » Moi, je viens hystérique, ma fille arrive à chaque fois parce que je suis comme « Oh my God! » Des fois, je pleure. Je viens comme « Merci, tellement là! » Ça vient me chercher au plus profond de mon être.

 

Julie Rochon

Oui, c’est normal. Avec tous les efforts que tu mets tout le temps. C’est génial.  Merci tellement, Nancy, d’avoir accepté de venir sur le podcast.

J’invite vraiment les gens, je vais mettre vraiment tous les liens vers tes livres, tout ce qu’on peut trouver à ton sujet dans les showsnotes. Est-ce qu’il y a un endroit spécifiquement sur les réseaux sociaux où tu es plus active, où tu voudrais que les gens aillent te découvrir? Y as-tu une place où tu es plus qu’une autre?

 

Nancy Bordeleau

Je suis beaucoup plus sur Facebook et Instagram. Tiktok, j’essaie fort, fort. C’est une plateforme qui me fascine et me fait peur à la fois. Instagram, Facebook, je suis vraiment beaucoup plus là. Les stories, c’est sûr que c’est là où on me voit le plus spontanée.

Julie Rochon

Oui, c’est ça. Un gros merci Nancy. Merci. Pour les autres, on se retrouve pour un prochain épisode. Salut!

Nancy Bordeleau, Cinq Fourchettes

Générer des opportunités grâce au blogue avec Nancy Bordeleau | Podcast Va te faire voir par Julie Rochon

Je m’appelle Nancy Bordeleau et j’habite la grande région de Montréal. Diplômée en programmation informatique, ancienne conseillère en placement de personnel et plus récemment, propriétaire d’un studio de photographie, j’ai acquis des habiletés qui me servent aujourd’hui pour le blogue.

Je cherche toujours des façons simples et efficaces pour cuisiner. J’offre à mon lectorat des recettes accessibles et savoureuses. J’aime dire que mon contenu c’est de la vraie bouffe pour du vrai monde. Mon contenu est sans prétention, avec une pointe d’humour et beaucoup de douceur.

 

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Salut, moi c'est Julie Rochon!

Julie Rochon animatrice podcast Va te faire voir

J’utilise des stratégies d’affaires et de communications numériques pour aider les travailleurs autonomes, les PME et les OBNL à améliorer leur positionnement, leurs offres, l’efficacité et la rentabilité de leurs processus et leurs communications et visibilité sur le web et les réseaux sociaux.

Mes client.e.s sont motivé.e.s à avoir une entreprise et/ou des projets qui leur ressemble pour avoir plus de fun et attirer de meilleurs clients. Je travaille actuellement uniquement en 1-1 avec mes clients, donc mon approche et mes conseils sont toujours personnalisés. Je déteste les formules toutes faites qui vendent du rêve.

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